Forum 2007 – Discours d’ouverture


Discours d’ouverture de Manon Barbeau – Présidente du conseil d’administration de l’Observatoire du documentaire

Bonjour

Fondé en 2003, l’Observatoire du documentaire, un lieu de réflexion, de rassemblement et d’action pour la promotion du documentaire, en est cette année à son sixième Forum.

L’Observatoire du documentaire regroupe les principales associations audiovisuelles professionnelles du Québec et du Canada. On a des télédiffuseurs avec nous. Ils aiment profondément le documentaire, même si ce n’est pas toujours facile à programmer.

L’Observatoire du documentaire travaille à l’amélioration des conditions de création, de production et de diffusion du documentaire.

L’Observatoire du documentaire ne se contente pas d’observer du haut de sa tour. Il veille de façon active sur le genre et sur les conditions qui permettent au documentaire d’évoluer et de s’épanouir. Ses membres interviennent auprès des institutions et des décideurs quand le documentaire est menacé et planifient des actions stratégiques pour assurer sa survie et son développement.

Malgré un engouement du public pour quelques films, le combat est loin d’être gagné. La reconnaissance du genre et le respect des producteurs et cinéastes qui le pratiquent sont encore loin d’être acquis. La sécurité du documentaire et celle de ses artisans sont encore bien précaires.

Pourtant le documentaire nous définit inlassablement, autant comme individu que comme peuple. Le documentaire élargit nos vies: il nous donne accès à des êtres que nous n’aurions jamais rencontrés. À des univers que nous n’aurions jamais explorés. Il témoigne du contexte dans lequel nous vivons et contribue à construire celui dans lequel nous voulons vivre.

Le documentaire est un espace privilégié de liberté et de réflexion, de poésie et de subversion. Grâce à lui, nous sommes moins seuls et moins impuissants. Le documentaire prend souvent parole et action pour nous, pour ce à quoi nous croyons, pour ce que nous ressentons. Il nous rassemble et nous incite au dialogue pour tenter de trouver les solutions aux situations inacceptables.

Il reste que nous sommes d’abord dans une société qui privilégie le divertissement et la rentabilité. Nous n’avons donc pas fini de nous battre pour la survie du documentaire.

Il n’est pas normal qu’avec un genre qui nous a fait connaître et rayonner à l’étranger depuis le cinéma direct, avec les Perrault, Gosselin, Brault, Labrecque, Groulx, Giguère, Arcand, Lamothe, Poirier. Obomsawin et autres, il n’est pas normal que 40 ans et des poussières plus tard, on en soit encore à s’inquiéter pour notre avenir, pas normal que les producteurs s’interrogent sur la façon dont ils vont passer l’année, que les cinéastes ne soient pas certains de pouvoir payer leur loyer. Il n’est pas normal que des documentaristes se demandent encore s’ils ne vont pas devoir changer de métier.

Avec le développement des nouvelles technologies et des nouvelles plateformes, le documentaire est encore fragilisé. Il faut qu’il évolue, qu’il s’adapte à la vitesse de la lumière, lui qui a besoin de lenteur et de profondeur, il faut qu’il profite malgré tout du mouvement pour gagner du terrain.

Mais dans l’immédiat, pour que le documentaire puisse vivre, il lui faut d’abord de l’argent et les moyens de trouver cet argent.

Que les producteurs cessent de vivre en état de précarité, que les cinéastes aient un minimum de tranquillité d’esprit pour créer et que le documentaire continue de jouer son rôle de porte-voix social afin d’interpeller nos consciences et de faire progresser la société.

Et que des films comme Le Peuple Invisible, Americano, un Coin du ciel, Québec lieu de passage, Parole et Liberté, Homo Toxicus, Le déshonneur des Casques bleus, Déroute et Parcours, Bombes à retardement, Au Pays des Colons qui sont au programme des Rencontres du Documentaire, continuent de voir le jour.

L’observatoire du documentaire remercie chaleureusement Anita Reher, directrice des relations internationales de l’European Documentary Network EDN du Danemark et Diane-Estelle Vicari, directrice de l’International Documentary Association IDA des Etats-Unis qui se sont déplacées pour être parmi nous aujourd’hui. Merci!

Longue vie au documentaire et bon Forum! Puisse-t-il encore faire avancer notre réflexion et progresser notre action!

Manon Barbeau
Présidente
Observatoire du documentaire