Forum 2007 – Vithèque — Vidéographe


Présentation du projet Vithèque
Faite par Bernard Claret, Directeur général par intérim de Vidéographe

Le projet Vithèque, c’est la nouvelle plateforme de diffusion par Internet de Vidéographe, sur laquelle 500 titres de la collection seront numérisés dans un premier temps. Les œuvres seront accessibles soit en streaming (visionnement instantané), soit par téléchargement (chrono-dégradable ou non). Vidéographe a reçu une subvention de Patrimoine canadien de près de 500000$ pour réaliser Vithèque. Le projet est actuellement en cours de réalisation. Le lancement de Vithèque est prévu au printemps 2008.

Vidéographe

Vidéographe est un centre d’artistes voué à la production, la création, la diffusion et la distribution d’œuvres en arts médiatiques. Vidéographe existe depuis 1971 et est le premier centre consacré entièrement à la vidéo à avoir été créé au Canada et en Amérique du Nord.

Vidéographe est divisé en 3 secteurs: la production, la distribution et la programmation. Le secteur qui concerne le projet Vithèque est celui de la distribution.

Le secteur Distribution possède un catalogue riche de 1500 œuvres vidéographiques indépendantes, ouvert à plusieurs genres dont l’art vidéo, le documentaire, le court ou moyen métrage de fiction, l’animation et la vidéo danse. Il s’agit d’un catalogue particulier dont le moins qu’on puisse dire c’est qu’il n’est pas destiné à ce que l’on appelle communément le public de masse.

Vithèque

Pourquoi Vithèque?

Vithèque est né de plusieurs questionnements que nous avons eus sur l’état actuel de la distribution des œuvres indépendantes. Ces questionnements, les auteurs comme les distributeurs s’en accommodent, tant bien que mal, quotidiennement. Il s’agit des difficultés toujours plus grandes que nous rencontrons dans la circulation des œuvres et dans leur diffusion; du contexte extrêmement fragmenté des marchés qu’ils soient commerciaux ou institutionnels; de la place toujours plus étroite que ces marchés donnent aux œuvres dites indépendantes, et par conséquent de la difficulté que ces œuvres ont à rejoindre leur véritable public.

Toutes ces raisons nous ont poussés à nous tourner vers les technologies numériques et les nouvelles plateformes de distribution et, bien évidemment Internet. La directrice générale de l’époque et le coordonnateur de la distribution ont travaillé pendant deux ans, suivi des conférences, des colloques, des congrès, rencontré énormément de monde en lien avec Internet. Nous avons organisé, avec l’aide d’un consultant, des focus groupes et des consultations avec les membres de Vidéographe, les ayants droit, des professionnels, des représentants du milieu, avec le personnel de la distribution et les membres du CA. Nous avons aussi trouvé notre partenaire technologique: Tonality, une jeune société montréalaise, qui a créé un service de prêts en ligne de produits culturels indépendants numérisés, principalement musiques et livres, iThèque.net. Ce service est destiné aux bibliothèques et aux médiathèques, et le projet Vithèque s’en est en partie inspiré.

Qu’est-ce que Vithèque?

Vithèque est une plateforme de diffusion et de distribution sur Internet qui permettra:
De visionner en streaming (visionnement instantané) ou par téléchargement chrono-dégradable ou non 500 titres de la collection de Vidéographe dans un premier temps,
D’accéder à la documentation écrite complète sur l’ensemble des 1500 titres de la collection et sur l’ensemble des auteurs que nous représentons,
D’avoir accès à d’importantes ressources didactiques, pour rejoindre en particulier un public jeune et un public étudiant,
De visionner des programmations en ligne,
De faire tout le travail de promotion, de marketing et de développement des marchés, et ce, sur l’ensemble des marchés commerciaux et institutionnels, comme pour l’ensemble des festivals et des événements de diffusion,
De faire tout le travail d’administration et de gestion du secteur distribution (contrats, facturation, suivi des clientèles et des comptes, et surtout, la gestion des droits d’auteur)
De créer un lieu d’interaction dynamique et d’échanges entre le public, les auteurs et Vidéographe.
D’offrir davantage qu’un simple et banal catalogue en ligne.
Vithèque sera disponible dans les deux langues officielles: français et anglais.

Les objectifs

Vithèque va permettre à Vidéographe de rejoindre 5 objectifs qui sont au centre de nos activités de distribution:

  1. mettre en valeur un patrimoine vidéographique inestimable et essentiel à la compréhension de la vidéo québécoise et canadienne, en le rendant enfin disponible au grand public et, de fait, en lui donnant une seconde vie, un second souffle. Pour cela, nous collaborons avec 3 programmatrices qui vont avoir la responsabilité de sélectionner les 500 titres et de proposer aussi des programmations. Toutes les trois ont une grande connaissance de la collection de Vidéographe et nous les avons choisies aussi pour l’expertise qu’elles ont acquise, chacune dans leur domaine de prédilection, à savoir, l’art vidéo, le documentaire et la fiction. Elles ont en plus, la responsabilité de répertorier les œuvres par thèmes et par mots clés afin d’en faciliter au maximum leur accessibilité.
  2. accroître notre auditoire notamment le jeune public, celui des étudiants. À cet effet, nous nous sommes adjoint les services d’un responsable pédagogique. Ce responsable travaille en étroite collaboration avec des enseignants du secondaire, du Cegep et de l’université afin d’élaborer des contenus didactiques et des modules éducatifs sur la vidéo. Ces outils pédagogiques souligneront et éclaireront les spécificités de la collection de Vidéographe, son caractère patrimonial historique, culturel, artistique et social. Ces outils seront ensuite proposés aux écoles et un enseignant pourra par exemple, à l’aide d’un code d’accès sécurisé, demander à ses élèves de visionner un ou plusieurs titres, de consulter les ressources pédagogiques qu’il aura sélectionnées, de répondre à un questionnaire ou de faire, toujours en ligne, un exercice.
  3. consolider et développer les principaux marchés que nous sollicitons, entre autres, les institutions scolaires, les musées, les galeries, les bibliothèques, les festivals, les marchés commerciaux que sont les télédiffuseurs, les salles et les différents réseaux de diffusion comme les câblodistributeurs et, pourquoi pas, les autres réseaux Internet. Nous voulons aussi rencontrer ce que l’on appelle des publics cibles ou des publics niches, celui des particuliers. Pour ce volet, nous travaillons avec deux consultantes extérieures:
    • une spécialiste de l’Internet qui nous aide à établir le cahier des charges en fonction des objectifs définis,
    • une experte en promotion et en marketing électronique avec qui nous élaborons tous les outils de mise en marché, de développement des marchés et de développement des publics.

    D’autres intervenants extérieurs sont et seront sollicités ponctuellement pour répondre à des besoins précis, comme un consultant en ergonomie et scénario de validation, un consultant en référencement organique, un spécialiste en gestion des bulletins en fonction de la spécificité de notre catalogue.

    À titre d’exemple, chaque nouvelle acquisition sera automatiquement numérisée pour que sa promotion, comme sa distribution se fasse directement à partir de Vithèque. Lorsque nous voudrons soumettre un film à un programmateur de festival ou à un responsable d’acquisition d’un musée, nous lui enverrons un code d’accès sécurisé, qui lui permettra de visionner en streaming l’œuvre en question. Et une fois le circuit de distribution traditionnelle terminé, qui en règle générale varie entre 1 et 2 années, les nouvelles acquisitions pourront être accessibles sur Vithèque, pour tous les publics, en streaming ou en téléchargement.

  4. Faciliter le travail de gestion et d’administration du personnel de la distribution. La totalité de nos services administratifs et de nos services de gestion des œuvres et des droits sera intégrée à la plateforme. Toute la base de données de Vidéographe va être refaite en conséquence et le public aura accès, en plus des 500 premiers titres numérisés, à toute l’information sur l’ensemble des 1500 titres de la collection de Vidéographe. Une fois fonctionnelle, la plateforme Vithèque va devenir pour la distribution un super outil qui servira à la fois à la promotion, au développement des marchés et à la gestion intégrale des œuvres et des auteurs. Par exemple, pour chaque nouvelle œuvre intégrée, un contrat standard sera automatiquement délivré au nom de l’ayant droit, qu’on pourra modifier selon les besoins. Dans cette perspective, nous travaillons avec un consultant en ressources humaines pour amener le personnel de la distribution à intégrer ce nouvel outil.
  5. Enfin, Vithèque permet à Vidéographe de concilier Internet avec l’idée même du droit d’auteur, point que l’organisme a toujours défendu comme un principe inaliénable. Vidéographe innove à ce propos, en reprenant, pour la vidéo, le système de prêt électronique par abonnement mis au point pour iThèque.net et destiné aux bibliothèques et aux médiathèques. Un pourcentage de ces abonnements sera reversé aux auteurs. Ce point est important car, à l’heure actuelle, pour chaque location ou emprunt de DVD dans une médiathèque, l’auteur ne perçoit strictement rien (c’est aussi le cas des vidéos clubs), alors que pour les livres, des droits sont automatiquement reversés aux auteurs. Ces droits viendront s’ajouter aux droits perçus pour chaque téléchargement, chaque visionnement en streaming, chaque abonnement forfaitaire ou non. Enfin, plus du tiers de la contribution de Patrimoine canadien sert aussi à payer les droits des 500 premiers titres numérisés pour leur consultation gratuite en streaming uniquement par l’ensemble de la population canadienne, condition que Patrimoine canadien exige pour les 5 premières années d’exploitation de la plateforme.

Pour terminer, on peut dire finalement que Vithèque va permettre à Vidéographe Distribution de remplir son mandat qui est de favoriser le rayonnement des œuvres vidéographiques et la reconnaissance des auteurs en arts médiatiques indépendants. Elle va aussi contribuer à faire entrer de plain pied l’organisme dans la distribution moderne en lui ouvrant la voie des technologies numériques et électroniques.

Surtout, (et c’est un point fondamental) nous avons voulu démythifier la vision que nous avions d’Internet en nous appropriant sa technologie, en faisant en sorte qu’elle devienne un outil au service de nos besoins et de nos nécessités. Se l’approprier, ça veut dire garder le contrôle sur la technologie, comme sur le contenu et les œuvres que nous distribuons. Mais aussi garder le contrôle sur les droits et ce, d’autant plus que ce médium abolit toute frontière.

S’approprier Internet, c’est établir nous-mêmes les règles et les conditions que nous estimons favorables à notre développement. En s’assurant que le travail que nous entreprenons avec Vithèque corresponde à la fois aux œuvres et auteurs que nous représentons, et aux publics que nous voulons rejoindre. L’équipe de Vidéographe, ses membres comme ses ayants droit, pensent que le futur de la distribution indépendante existe bel et bien. C’est à nous de le créer et Vithèque, nous en sommes convaincus, y participe.