Forum 2003 – Panel 3 : Distribuer son film soi-même?

Isaac Isitan, cinéaste

Sa pratique est issue d’une tradition où il s’agit de faire des films et de les montrer dans un même souffle d’engagement. Il prône un cinéma utilitaire où il importe de toucher le public, être impliqué socialement ou politiquement. Faire un documentaire pour lui c’est apprendre et c’est vivre avec un sujet pendant plusieurs mois. Il importe de remettre l’œuvre au public, de la partager avec lui. Pour cela il vend des cassettes de ses productions en même temps qu’il conclut des contrats de distribution. Pour L’AGE DE LA PERFORMANCE, il a conclu une entente avec Cinéma Libre pour la distribution en salles.

À partir de chaque film il faut créer, affirme-t-il, un nouveau réseau auquel le film renvoie, où le film sera vendu aux associations ou regroupements engagés, comme un outil de sensibilisation ou d’intervention, ainsi qu’aux institutions d’éducation ou d’enseignement. Il cherche à créer des réseaux parallèles, ville par ville. Pour le film LE BIEN COMMUN par exemple, il a vendu plus de 2 000 copies VHS en France. L’objectif est de vendre des VHS à 10$ ou 20$, à de plus grandes quantités de gens, et ainsi rejoindre les public concernés.

Dans d’autres circonstances, et parfois même en donnant des copies, on a pu créer un réseau à travers le monde. La source c’est l’énergie et l’établissement d’un lien direct avec ceux qui ont besoin du film.

Andrea Nemtin – DOCWATCH – Vancouver

Pour Andrea Nemtin, le moteur de la distribution c’est l’émotion, c’est un besoin de contact avec les gens. Ceux qui font de l’auto-distribution ne veulent pas que le film soit considéré comme une marchandise; ils veulent relier la tête et le cœur.

Avec la faillite retentissante de Jane Balfour Films il y a quelques années, et ce, après plus de 17 ans de travail acharné auprès d’une variété de réseaux ( salles de cinéma, télévisions, institutions etc.), on s’est posé la question du défi que représente aujourd’hui le besoin de supporter financièrement une structure de mise en marché traditionnelle, face à l’option alternative qui consiste à utiliser des technologies qui peuvent permettre une diffusion plus économique et plus autonome: Internet, satellite, téléchargement, numérique, etc.

DocWatch est un regroupement sous forme de partenariat coopératif où sont mises en commun les ressources pour la promotion et l’exploitation des documentaires produits en Colombie britannique. On a donc formé ce collectif pour leur exploitation et leur distribution. On distribue aussi par le biais de «clips» des films au catalogue qui sont diffusés par courriel dans les réseaux éducatifs et sociaux.

En regroupant ainsi une quinzaine de documentaires où chacun des producteurs investit 5 000$ en frais promotionnels, on a pu constituer ainsi un fonds de $75 000$. Ce fonds est ensuite complété à hauteur égale par BC Film, Téléfilm et d’autres partenaires, avec en bout de ligne un budget potentiel qui peut grimper jusqu’à 185 000$.[/toggle]

Francis Miquet – NECESSARY ILLUSIONS – Montréal

Depuis MANUFACTURING CONSENT et LIFE WITHOUT DEATH, Francis Miquet explique qu’on a constaté qu’il n’y a que peu d’intérêt pour le film documentaire chez les distributeurs et les exploitants traditionnels. Dans le cas de MANUFACTURING CONSENT, la durée, la forme et le contenu ne les intéressaient que très peu. Pour LIFE WITHOUT DEATH, bien que conçu pour les salles de cinéma on a eu peu de feed-back; on trouve le film trop morbide, et et on ne lui voit aucun public cible.

Toutefois dans le cas de MANUFACTURING CONSENT, après avoir insisté pour la sortie en salle, où les producteurs ont obtenu un certain succès, c’est avec la télévision qu’il y a eu des problèmes. On a alors amorcé une campagne de harcèlement auprès de la télévision canadienne. On a remis aux gens qui venaient voir le film en salles une lettre circulaire avec une enveloppe pré-affranchie que les gens ont ensuite postée à CBC exigeant que le film soit programmé à la télévision et ça a marché!!! Après quelques mois et pas mal de courrier, CBC a décidé de programmer le film.

Toutefois, ce genre d’opération mobilise une maison de production sur un seul film pendant des mois et on ne peut alors passer à la production d’un autre film. On a été absorbé par ce contrôle sur la distribution et l’exploitation car c’est un travail qu’il fallait coordonner au coup par coup. Puis il y a eu les difficultés à se faire payer les coût reliés au film (copies, promotion, publicité, etc). Un travail de longue haleine avec des moyens souvent ridicules.

Pierre Ducrocq – DOCUMENTAIRE.ORG

Pierre Ducrocq, qui est le webmestre du site documentaire.org prétend qu’il est possible de distribuer des films par Internet. On peut maintenant télécharger un film à partir d’un ordinateur et bientôt à partir de notre téléviseur. On peut ainsi aujourd’hui à partir de ces technologies (Black Chip, Cable, Internet etc.) nourrir le réseau en ligne à partir d’un autre site et ce de façon autonome. Les technologies de transport et de visionnement existent. Il reste toutefois à régler les questions légales au niveau du droit d’auteur.