La réalisation du film Pour la suite du monde est désignée « événement historique »

pour_la_suite_qcci_header

L’Observatoire du documentaire, qui réunit les principales associations professionnelles, organisations et institutions du cinéma documentaire québécois et canadien et est présidé par Hugo Latulippe, salue la décision du Gouvernement du Québec de désigner comme « évènement historique » la réalisation du film Pour la suite du monde.

Cette désignation fait suite aux démarches que l’Observatoire du documentaire a entreprises dès 2015 auprès du ministère de la Culture et des Communications du Québec, démarches qui avaient reçu le soutien du grand public et de tout le milieu cinématographique québécois. L’année dernière, une pétition signée par près de 3000 artisans et artistes, citoyennes et citoyens avait d’ailleurs été envoyée au ministre Luc Fortin.

Pour la suite du monde, œuvre emblématique du cinéma direct, a été tourné à L’Isle-aux-Coudres en 1962. Considéré par de nombreux spécialistes du cinéma mondial comme un chef-d’œuvre, ce film a été réalisé par Pierre Perrault et Michel Brault (qui en a aussi assuré la caméra), avec la collaboration notable de Marcel Carrière (son), de Bernard Gosselin (caméra), de Werner Nold (montage) et de Fernand Dansereau (production). Il a été produit par l’Office national du film du Canada.

Pour la grande communauté des artisans du cinéma québécois, ce film réalisé dans un moment charnière de l’histoire du Québec représente les fondements d’une cinématographie moderne où se démarquent l’inventivité technique et esthétique ainsi qu’une approche poétique et humaniste. Il rappelle la naissance d’un cinéma libre et audacieux qui a mis en lumière la singularité de la culture québécoise. Pour la suite du monde a participé à la création d’un mouvement et a légué un nouveau langage cinématographique qui sert encore de référence aujourd’hui.

PROJECTION SPÉCIALE

Le Cinéma sous les étoiles de Funambules Médias, en collaboration avec l’Observatoire du documentaire et grâce au soutien de l’Office national du film du Canada (ONF), présentera gratuitement le film lors d’une projection spéciale, le 8 juillet à 21h15, sur la Place de Castelnau, dans le quartier Villeray.

 LE DOCUMENTAIRE VERS L’AVENIR

« Notre idée, avec cette démarche symbolique qui consacre le rapport singulier et spécifique que les Québécois entretiennent avec la cinématographie documentaire, était aussi d’en assurer le prolongement. C’est pour nous le premier pas de la suite du documentaire québécois ! » déclare Hugo Latulippe.

 Plus de 50 ans après la première de Pour la suite du monde au Festival de Cannes, en 1963, l’Observatoire du documentaire souhaite que l’annonce de sa désignation comme évènement historique permette de braquer les projecteurs sur l’état actuel de la création et de la diffusion de cette forme d’art : malgré les grands succès que connaissent ses artisans sur la scène internationale et nationale, le documentaire québécois est de plus en plus fragilisé.

Alors que le gouvernement québécois planche sur sa nouvelle politique culturelle et que la ministre Mélanie Joly, à la suite de sa consultation sur le contenu canadien dans un monde numérique, doit incessamment présenter sa vision des choses, l’Observatoire du documentaire lance ni plus ni moins un signal d’alarme. L’organisme désire souligner avec force et vigueur l’apport inestimable de ce genre cinématographique à la vie démocratique, sociale et culturelle ainsi que le lien qui unit cette tradition à la culture nationale.

Afin de donner un souffle nouveau au documentaire québécois et de préserver son existence, plusieurs membres de l’Observatoire et de nombreux acteurs du milieu demandent aux différents paliers de gouvernement et aux institutions de renouer avec une philosophie basée sur l’intervention active de l’État par l’entremise de mesures diverses, généreuses et audacieuses ; ce qui, d’ailleurs, a par le passé fait le succès du Québec et du Canada dans le domaine de la culture.

« Ces mesures doivent tendre à soustraire le genre documentaire à la logique du marché et des cotes d’écoute, et favoriser une programmation riche et diversifiée chez les diffuseurs publics, notamment en encourageant la mise en place de plus de cases horaires mettant le long métrage à l’honneur », affirme Benjamin Hogue, cinéaste et directeur de l’Observatoire du documentaire.

À l’heure où les débats se complexifient, dans un univers de plus en plus polarisé où les médias sociaux renvoient souvent une image déformée ou superficielle de la réalité, les artisans du cinéma documentaire sont convaincus qu’un genre qui plonge au cœur du sujet et favorise les nuances devient plus que jamais nécessaire comme outil démocratique et citoyen. Le documentaire doit donc être protégé, sans attendre, par des mesures exceptionnelles durables.

À PROPOS

DÉSIGNATION POUR LA SUITE DU MONDE

 La Loi sur le patrimoine culturel du Québec donne au ministre de la Culture et des Communications le pouvoir de désigner un évènement historique.

« Il peut être associé à une date précise, mais il peut aussi être lié de façon plus large à une période historique […] Les évènements historiques qui peuvent être désignés sont ceux dont la connaissance, la sauvegarde, la transmission ou la mise en valeur présente un intérêt public ». (Source : MCC)

La désignation est un geste de valorisation qui a une portée symbolique, mais qui demeure extrêmement important afin de promouvoir la culture québécoise au sens large.

Pour plus d’informations sur la désignation : www.mcc.gouv.qc.ca/index.php?id=5305

 OBSERVATOIRE DU DOCUMENTAIRE

L’Observatoire se veut un lieu de réflexion, de rassemblement et de dialogue afin d’assurer au documentaire sa place essentielle sur toutes les plateformes de diffusion.

Il regroupe les associations professionnelles et organismes suivants :

Alliance des arts médiatiques indépendants (AAMI), Alliance des producteurs francophones du Canada (APFC), Association québécoise de la production médiatique (AQPM), Association québécoise des techniciens de l’image et du son (AQTIS), Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec (ARRQ), Bell Media (Canal D), Documentaristes du Canada (DOC), Films du 3 mars (F3M), Front des réalisateurs indépendants du Canada (FRIC), Guilde canadienne des réalisateurs (GCR), Office national du film du Canada / National Film Board of Canada (ONF/NFB), Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM), Société Radio-Canada (SRC), Société des Auteurs de radio, télévision et cinéma (SARTEC), Télé-Québec (TQ).

FILM POUR LA SUITE DU MONDE
1962, 1 h 45 minutes. Office national du film du Canada

Synoposis : Documentaire poétique et ethnographique sur la vie des habitants de L’Isle-aux-Coudres rendue d’abord par une langue, verte et dure, toujours éloquente, puis par la légendaire pêche au marsouin, travail en mer gouverné par la lune et les marées. Un véritable chef-d’œuvre du cinéma direct.

Lien du film :

www.onf.ca/film/pour_la_suite_du_monde/